Variole du singe : retour sur un échec marketing
« Je savais que c’était une connerie ! On n’était pas encore sorti du covid, comment veux-tu que le consommateur s’y retrouve ! Tu sors pas « canard wc supra clean plus » 2 semaines après « canard wc ultra bright max » ! » Quand on entend l’un des membres de la team marketing du laboratoire découvreur de la variole du singe, on sent que la plaie est encore ouverte. Et pour cause ! Alors que le public s’est passionné pour l’épidémie de covid 19, il n’en a rien été pour ce nouveau virus.
« Ok c’est une maladie transmise à l’humain par les animaux, mais variole du singe… pourquoi pas lèpre du babouin ou tuberculose du macaque tant qu’on y est !? Les gars du covid ils ont pas appelé ça rhume du pangolin ! Bon après y a eu les variants breton, brésilien… les mecs ils ont kiffé c’est normal ! Ils ont même poussé le vice avec le ou la covid, c’est des génies putain ! »
Stéphanie Legrand, experte en marketing dans le domaine médical, a accepté de nous livrer son analyse. « Dans ce genre de dossier, une multitude d’options s’offre au découvreur de la maladie. Lui donner son nom comme Parkinson ou Alzheimer, une indication géographique comme la grippe espagnole, il y a bien sûr l’utilisation du code couleur : fièvre jaune, peste noire. Avant l’exode rural, l’évocation du monde agricole était en vogue avec la coqueluche, le rhume des foins. Plus tard on a eu la vache folle dans un registre plus fantaisiste. Dans tous les cas, il est important de ne pas sous-estimer le nom d’une maladie. Certains chercheurs pensent que si on avait trouvé un terme plus familier pour le SIDA, comme chaude-pisse pour la blennorragie, la maladie aurait aujourd’hui disparu ».
Quand on évoque cet échec avec Jean-paul Dubois, le découvreur du virus, on sent encore une pointe d’amertume dans sa voix. « Ils m’ont dit que mon nom était trop banal, je leur ai donc proposé le nom de jeune fille de ma grand-mère : Dos Santos. Pas assez crédible ! Trop typé ! Traduire mon nom en anglais non plus ça leur allait pas, pourtant ça sonne bien « maladie de John-paul Wood » !? J’suis bien content qu’ils retournent vendre des produits WC ces tocards du marketing. »
Alors que le 8ème vague du covid peine à intéresser les médias, les regards sont tournés vers l’avenir. A quoi sera due la prochaine crise sanitaire ? La déforestation ? La fonte du permafrost ? Difficile à déterminer. Quant à savoir si le nom de ce nouveau virus sera de nature scientifique ou plutôt fantaisiste, là aussi les paris sont ouverts
Article proposé par Yann Constantieux